Est-ce que « rapporter » apporte quelque chose au chien ?

Est-ce que « rapporter » apporte quelque chose au chien ?

Alors que la science apporte un nouvel éclairage sur les jeux populaires de lancer, il est intéressant de constater que « rapporter » peut ne pas être aussi intéressant qu’on le pense pour certains chiens. Les chiens stressés en particulier peuvent prendre plus de temps à récupérer s’ils pratiquent cette activité. Cet article explique comment ce jeu affecte le corps d’un chien.

Rapporter peut activer les instincts de prédation (chasse) chez certains chiens. Cela devient évident quand on considère que beaucoup de chiens n’ont pas besoin d’apprendre à courir après une balle, mais seulement à la rapporter. Parfois, les chiens sont des chasseurs naturels et courent instinctivement après de petits objets en mouvement qui ressemblent à des proies. En effet, la concentration des cônes dans leurs yeux est telle qu’ils voient deux fois mieux des objets en mouvement à la périphérie de leur vision qu’ils ne voient des objets statiques juste en face d’eux.

Le projet Dog Pulse en Norvège étudie également ce phénomène en mesurant la fréquence cardiaque d’un chien et identifie les points où la réaction d’agression ou de fuite du chien est déclenchée lors du jeu de lancer. Lorsque cet instinct de chasse est déclenché, le chien reçoit une poussée d’adrénaline. Tout comme nous le ferions, si nous faisions quelque chose d’extrême comme le saut à l’élastique. Après une exposition répétée à l’adrénaline, une autre hormone est libérée dans le corps, le cortisol. Le cortisol étant un type de stéroïde.

Ces hormones sont bonnes à faibles doses, en cas d’urgence. Elles sont très efficientes et fournissent beaucoup de puissance au corps et aux muscles. Le corps devient plus rapide, plus fort et plus dur. Mais quelque chose de si puissant ne peut pas être évacué aussi vite qu’il est reçu.

Dans certains cas, l’adrénaline est restée en circulation pendant 7 jours et le cortisol est resté en circulation jusqu’à 40 jours. Quand un animal chasse dans la nature, après cette montée d’adrénaline, il s’assied pour manger son repas et laisse les hormones s’estomper. Mais quand on lance la balle, on lance de nombreuses fois à chaque session. Imaginez le saut à l’élastique à plusieurs reprises. Imaginez prendre autant de doses de stéroïdes, tous les jours. Il est important de considérer la quantité d’hormones résiduelle qui traverse le corps d’un chien et combien de temps il faudrait pour que toutes ces hormones quittent son corps. La physiologie de chaque chien étant différente, les effets seront perceptibles chez certains et pas chez d’autres.

C’est une croyance communément admise que les chiens doivent jouer pour rester en bonne santé. Dans le cadre de ma formation, j’ai étudié les chiens des rues et combien ils se déplacent. Alors que mes résultats sont encore en attente de publication, je peux dire avec certitude qu’ils ne courent pas beaucoup. Peut-être qu’ils ont juste besoin de conserver leur énergie. Cependant, ils explorent beaucoup plus, utilisent tous leurs sens et prennent au moins 16 heures de sommeil par jour.

Si un chien est en surpoids malgré environ 45 minutes d’exercice par jour, il peut être utile de vérifier son alimentation et son état de santé général, et d’envisager une visite chez le vétérinaire.

Parfois, les clients soulignent le fait que leur chien leur apporte la balle en leur demandant de jouer. C’est vrai. La dépendance à l’adrénaline est une dépendance aussi réelle que les autres. Je peux vouloir ma prochaine cigarette, ça ne la rend pas bonne pour moi. Tous les chiens ne sont pas « accro » pour autant. Certains chiens aiment vraiment le jeu. […].

Pour le chien qui ne semble pas être attiré par les jeux de lancer cependant, envisager des jeux alternatifs comprennant des activités d’olfaction (flair, exploration, dispersion des croquettes – Note de Merci Mon Chien) comme la recherche de nourriture et des activités mentales. Souvent -mais pas toujours-  ces activités peuvent être plus apaisantes pour le chien et peuvent donner de bons résultats en terme de diminution du stress. Certains chiens préfèrent l’attention de leurs propriétaires au fait de courir à plusieurs reprises après une balle. Quand il vous apporte la balle, peut-être qu’il espère juste un peu d’attention et que c’est bien de lui donner ça si c’est ce qu’il veut. Parlez-lui. Peut-être lui raconter une histoire. Dog Pulse Project a découvert que tout comme les lancers augmentent la fréquence cardiaque, les jeux de recherche peuvent faire baisser le rythme cardiaque. En outre, les promenades lentes construisent des muscles de base, et renifler lors des promenades exerce l’esprit d’un chien, aidant à le calmer et le fatiguer. Nourriture de l’esprit en quelque sorte.

SOURCE : https://ppgworldservices.com/2015/09/25/is-fetching-really-all-that-fetching-for-dogs/

Traduction : MerciMonChien® – Éducation Canine Bienveillante

References :

Dog Pulse. (n.d.). Retrieved from Dog Pulse Org.
Horowitz, A. (2010). Inside of a Dog. In A. Horowitz, Inside of a Dog. New York: Simon & Schuster.
Sapolsky, R. M. (2004). Why Zebras Don’t Get Ulcers. In R. M. Sapolsky, Why Zebras Don’t Get Ulcers. New York: Henry Hold & Co.
First published in Bangalore Mirror, June 8, 2015, Times Group
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Chien régulateur : mythe ou réalité ?

Chien régulateur : mythe ou réalité ?

Réguler : analyser et intervenir si besoin pour maintenir l’équilibre dans un groupe ou un système en évitant l’apparition de comportements qui le mettraient en péril.

On lit et on entend beaucoup de choses

La véritable question lorsqu’on aborde ce sujet réside dans la définition même du rôle de ces chiens. Et là, selon les « écoles » les visions divergent : 

  • Chien spécifiquement dressé,
  • Chien vitrine connaissant plein de tours,
  • Chien suffisamment grand pour s’imposer par la force,
  • Chien qui « gère » tout et tout le temps,
  • Chien joueur pour désinhiber les timides,
  • « Pistolet » chargé que l’on déclenche sur ordre ;-),

L’observation du développement des chiots peut, sur ce sujet, nous apporter beaucoup. Leur mère n’est-elle pas une véritable régulatrice. Ne fait-elle pas office de guide, de surveillante, de protectrice, de garante de la sécurité des plus faibles et de l’équilibre du groupe, de formatrice aux codes sociaux…

Cela semble évident s’agissant de la mère, si tant est, qu’elle soit équilibrée, qu’elle ait elle même pu se développer dans des conditions adaptées, sans injonction ou pression humaine, sans excitation permanente, dans un environnement riche et stimulant lui permettant d’assouvir ses besoins fondamentaux et en particulier ses besoins sociaux qui sont la clef vers l’apprentissage des codes de l’espèce.

Il ressort de ce parallèle avec la mère que le chien régulateur, sans même chercher à le définir pour l’instant, ne peut pas répondre à certaines des définitions précédemment évoquées. L’humain, semble t’il n’a pas de rôle actif dans le développement de ces capacités de régulation, son rôle se limitant (et c’est déjà énorme) à offrir au chien régulateur des conditions de développement en accord avec sa culture canine. Il est primordial lors du développement du chiot d’éviter les privations, les carences, l’altération de la phase d’arrêt, d’offrir la posibilité d’évoluer avec sa mère, sa fratrie, des adultes équilibrés et d’entretenir cet équilibre au delà de la période juvénile.

Mais alors c’est quoi un régulateur ?

Ne peut-on pas imaginer, au sein de l’espèce canine (comme chez les humains), que des individus équilibrés participent à faire respecter les règles sociales millénaires, prenant ainsi le relais des mères lorsque le besoin s’en fait sentir ? N’est-il pas envisageable que le chien, comme l’humain puisse agir pour des motivations autres que son propre intérêt (ou que son intérêt rejoigne celui du groupe – existe-t-il d’ailleurs des actions désinteressés ? ) ? C’est ce que nous montre notre pratique, et nous sommes bien loin d’interprétations anthropomorphiques.

Éliminons ou nuançons donc certaines définitions qui faussent la perception que l’on peut avoir des chiens régulateurs :

  • Chien spécifiquement dressé ?

Certainement pas, le chien régulateur ne reçoit aucun dressage spécifique, c’est un chien chez qui on a surtout cherché à développer l’autonomie, qu’on a laissé s’exprimer, observer, interagir et qui ne doit pas ressentir la pression liée à une attente humaine. C’est un chien autonome, capable d’intervenir de différentes manières en relation avec le contexte, et en fonction du profil du (des) chien(s) en présence. Son intervention peut aller de l’avertissement à la « neutralisation » et s’adapte à l’âge et à la réaction du chien. Le  régulateur   doit  être  capable  d’utiliser   ses  aptitudes  naturelles  à bon escient sans s’acharner et retrouver son calme après chaque action.

  • Chien vitrine connaissant plein de tours ?

Ces apprentissages ayant tendance à créer une forte dépendance du chien vis à vis de l’humain et pouvant générer la perte de certains comportements naturels au profit de réponses conditionnées voire stéréotypées ils sont incompatibles avec le développement des capacités d’adaptations, d’autonomie et de prise de décision nécessaire à la régulation.

  • Chien suffisamment grand pour s’imposer par la force ?

Un chien régulateur ne doit pas représenter un danger pour les chiens des clients, en aucun cas il ne s’agit d’un monstre de 60kg qui agresse, blesse ou tue le chien qui aurait adopté un comportement inadapté. C’est ce type de chiens, présentés comme régulateurs dans les clubs ou par des professionnels qui ternissent l’image des chiens régulateurs. La taille du chien régulateur peut représenter un atout dans les interactions avec certains profils de chiens mais un Jack Russel de 5 kg peut également s’avérer très efficace. Il s’agit pour l’éducateur de ne mettre aucun chien en danger, pas même le sien ! 

  • Chien qui « gère » tout et tout le temps ?

Ne pas confondre harceleur et régulateur. Le régulateur est capable de laisser se développer des interactions, du jeu entre chiens, de partir faire sa vie si la situation est apaisée. Il n’interviendra que s’il perçoit le risque que la situation dégénère. 

  • Chien joueur pour désinhiber les timides ?

Le régulateur adapte son comportement à la situation : clair avec les harceleurs, délicat avec les timides, joueur avec les inhibés, insistant avec les inexpressifs…

  • « Pistolet » chargé que l’on déclenche sur ordre ? 😉

La caricature et les numéros de spectacle tape à l’œil et marketing n’entrent pas dans la définition de la régulation. Un régulateur n’est pas un petit soldat aux ordres, c’est tout le contraire, c’est un chien indépendant qui devance les observations des humains par l’utilisation fine de ses capacités et que l’on laisse agir et aller au bout de ses initiatives.

Comment le définir alors ?

Un chien régulateur est donc un chien parfaitement socialisé, autonome, stable émotionnellement, qui possède un parfaite inhibition de la morsure (complement d’info sur l’inhibition : http://www.joeldehasse.com/articles/a-francais/inhibition.html ), que l’on a laissé s’exprimer/observer et qui sait, de ce fait, prendre des initiatives. Ses interventions sont parfaitement dosées et ne doivent pas occasionner de blessures. Il est capable, grâce à l’expérience, d’adapter son mode d’intervention (au contact, à distance, par anticipation, posturale, par son déplacement, vocale…) en fonction des situations et des chiens. Il est à l’aise dans un groupe de chiens. Il possède de grandes capacités d’adaptation et est capable de se poser même dans des contextes nouveaux. 

Mais peut-être que ce qui définit également le chien régulateur c’est le fait qu’il vive avec un humain dont l’activité lui permet d’exprimer son potentiel et d’affiner ses interventions par la multiplication des expériences.

En résumé, le chien régulateur existe et c’est un chien équilibré qui vit avec un (des) éducateur(s) canin(s) qui n’exige(nt) rien de lui et accepte(nt) sa supériorité dans le domaine de l’interprétation des comportements canins et ne place pas l’humain dans un rôle de gestion du groupe canin.

 

Auteur www.mercimonchien.com 
Merci Mon Chien – Éducation Canine Bienveillante

(Partage et copie intégrale libre avec mention de la source)