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Chien régulateur : mythe ou réalité ?

Réguler : analyser et intervenir si besoin pour maintenir l’équilibre dans un groupe ou un système en évitant l’apparition de comportements qui le mettraient en péril.

On lit et on entend beaucoup de choses

La véritable question lorsqu’on aborde ce sujet réside dans la définition même du rôle de ces chiens. Et là, selon les « écoles » les visions divergent : 

  • Chien spécifiquement dressé,
  • Chien vitrine connaissant plein de tours,
  • Chien suffisamment grand pour s’imposer par la force,
  • Chien qui « gère » tout et tout le temps,
  • Chien joueur pour désinhiber les timides,
  • « Pistolet » chargé que l’on déclenche sur ordre ;-),

L’observation du développement des chiots peut, sur ce sujet, nous apporter beaucoup. Leur mère n’est-elle pas une véritable régulatrice. Ne fait-elle pas office de guide, de surveillante, de protectrice, de garante de la sécurité des plus faibles et de l’équilibre du groupe, de formatrice aux codes sociaux…

Cela semble évident s’agissant de la mère, si tant est, qu’elle soit équilibrée, qu’elle ait elle même pu se développer dans des conditions adaptées, sans injonction ou pression humaine, sans excitation permanente, dans un environnement riche et stimulant lui permettant d’assouvir ses besoins fondamentaux et en particulier ses besoins sociaux qui sont la clef vers l’apprentissage des codes de l’espèce.

Il ressort de ce parallèle avec la mère que le chien régulateur, sans même chercher à le définir pour l’instant, ne peut pas répondre à certaines des définitions précédemment évoquées. L’humain, semble t’il n’a pas de rôle actif dans le développement de ces capacités de régulation, son rôle se limitant (et c’est déjà énorme) à offrir au chien régulateur des conditions de développement en accord avec sa culture canine. Il est primordial lors du développement du chiot d’éviter les privations, les carences, l’altération de la phase d’arrêt, d’offrir la posibilité d’évoluer avec sa mère, sa fratrie, des adultes équilibrés et d’entretenir cet équilibre au delà de la période juvénile.

Mais alors c’est quoi un régulateur ?

Ne peut-on pas imaginer, au sein de l’espèce canine (comme chez les humains), que des individus équilibrés participent à faire respecter les règles sociales millénaires, prenant ainsi le relais des mères lorsque le besoin s’en fait sentir ? N’est-il pas envisageable que le chien, comme l’humain puisse agir pour des motivations autres que son propre intérêt (ou que son intérêt rejoigne celui du groupe – existe-t-il d’ailleurs des actions désinteressés ? ) ? C’est ce que nous montre notre pratique, et nous sommes bien loin d’interprétations anthropomorphiques.

Éliminons ou nuançons donc certaines définitions qui faussent la perception que l’on peut avoir des chiens régulateurs :

  • Chien spécifiquement dressé ?

Certainement pas, le chien régulateur ne reçoit aucun dressage spécifique, c’est un chien chez qui on a surtout cherché à développer l’autonomie, qu’on a laissé s’exprimer, observer, interagir et qui ne doit pas ressentir la pression liée à une attente humaine. C’est un chien autonome, capable d’intervenir de différentes manières en relation avec le contexte, et en fonction du profil du (des) chien(s) en présence. Son intervention peut aller de l’avertissement à la « neutralisation » et s’adapte à l’âge et à la réaction du chien. Le  régulateur   doit  être  capable  d’utiliser   ses  aptitudes  naturelles  à bon escient sans s’acharner et retrouver son calme après chaque action.

  • Chien vitrine connaissant plein de tours ?

Ces apprentissages ayant tendance à créer une forte dépendance du chien vis à vis de l’humain et pouvant générer la perte de certains comportements naturels au profit de réponses conditionnées voire stéréotypées ils sont incompatibles avec le développement des capacités d’adaptations, d’autonomie et de prise de décision nécessaire à la régulation.

  • Chien suffisamment grand pour s’imposer par la force ?

Un chien régulateur ne doit pas représenter un danger pour les chiens des clients, en aucun cas il ne s’agit d’un monstre de 60kg qui agresse, blesse ou tue le chien qui aurait adopté un comportement inadapté. C’est ce type de chiens, présentés comme régulateurs dans les clubs ou par des professionnels qui ternissent l’image des chiens régulateurs. La taille du chien régulateur peut représenter un atout dans les interactions avec certains profils de chiens mais un Jack Russel de 5 kg peut également s’avérer très efficace. Il s’agit pour l’éducateur de ne mettre aucun chien en danger, pas même le sien ! 

  • Chien qui « gère » tout et tout le temps ?

Ne pas confondre harceleur et régulateur. Le régulateur est capable de laisser se développer des interactions, du jeu entre chiens, de partir faire sa vie si la situation est apaisée. Il n’interviendra que s’il perçoit le risque que la situation dégénère. 

  • Chien joueur pour désinhiber les timides ?

Le régulateur adapte son comportement à la situation : clair avec les harceleurs, délicat avec les timides, joueur avec les inhibés, insistant avec les inexpressifs…

  • « Pistolet » chargé que l’on déclenche sur ordre ? 😉

La caricature et les numéros de spectacle tape à l’œil et marketing n’entrent pas dans la définition de la régulation. Un régulateur n’est pas un petit soldat aux ordres, c’est tout le contraire, c’est un chien indépendant qui devance les observations des humains par l’utilisation fine de ses capacités et que l’on laisse agir et aller au bout de ses initiatives.

Comment le définir alors ?

Un chien régulateur est donc un chien parfaitement socialisé, autonome, stable émotionnellement, qui possède un parfaite inhibition de la morsure (complement d’info sur l’inhibition : http://www.joeldehasse.com/articles/a-francais/inhibition.html ), que l’on a laissé s’exprimer/observer et qui sait, de ce fait, prendre des initiatives. Ses interventions sont parfaitement dosées et ne doivent pas occasionner de blessures. Il est capable, grâce à l’expérience, d’adapter son mode d’intervention (au contact, à distance, par anticipation, posturale, par son déplacement, vocale…) en fonction des situations et des chiens. Il est à l’aise dans un groupe de chiens. Il possède de grandes capacités d’adaptation et est capable de se poser même dans des contextes nouveaux. 

Mais peut-être que ce qui définit également le chien régulateur c’est le fait qu’il vive avec un humain dont l’activité lui permet d’exprimer son potentiel et d’affiner ses interventions par la multiplication des expériences.

En résumé, le chien régulateur existe et c’est un chien équilibré qui vit avec un (des) éducateur(s) canin(s) qui n’exige(nt) rien de lui et accepte(nt) sa supériorité dans le domaine de l’interprétation des comportements canins et ne place pas l’humain dans un rôle de gestion du groupe canin.

 

Auteur www.mercimonchien.com 
Merci Mon Chien – Éducation Canine Bienveillante

(Partage et copie intégrale libre avec mention de la source)

 

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